top of page

Mathieu est un jeune comme les autres. Il fréquente la polyvalente, tout comme ses camarades, et rien ne le différencie des autres, excepté son orientation sexuelle. Très vite, il s’est rendu compte qu’être gai dans une école secondaire pouvait être difficile, qu’on pouvait se sentir dépourvu, seul, incompris. Portrait d’un jeune homosexuel ayant vécu le rejet de ses pairs en milieu scolaire.

​

Mathieu habite actuellement près du centre-ville de Montréal et il retourne aujourd’hui faire son secondaire 5 aux adultes, fin prêt à obtenir son DES.  Mathieu a maintenant un large cercle d’amis, il a un emploi à temps plein et il va beaucoup mieux qu’il y a quelques années. En effet, sa confiance en soi a été grandement affectée lors de son passage au secondaire, car victime d’actes homophobes incessants, il a rapidement perdu la confiance qu’il avait.  « Les attaques ont principalement commencé en secondaire deux, quand j’ai eu le malheur de dire que j’étais gai à la mauvaise personne, qui s’est dépêchée d’aller le dire aux autres. »


Mathieu ne subissait pas uniquement des attaques verbales, elles étaient aussi physiques et ont malheureusement ruiné sa confiance en lui. Il a développé une peur de l’école, se réfugiant à la maison des jeunes près de chez lui pour que les autres élèves de son école ne sachent pas où il habite. Outre la maison des jeunes, qui lui offrait une certaine protection, Mathieu s’est servi de la musique, principalement celle de Madona (qui défend les droits des gais et des lesbiennes), du théâtre et de sa meilleure amie, pour passer au travers de cette épreuve. Il a aussi essayé de changer d’école, espérant ainsi que ses problèmes disparaissent. Mais rien n’a changé, la même scène s’est reproduite dans sa nouvelle école et de nouveaux jeunes ont pris la place des anciens.


Bien que les professeurs et les surveillants intervenaient lorsqu’ils étaient témoins d’actes homophobes envers Mathieu, les jeunes ont continué à l’intimider. Il affirme que les professeurs étaient parfois mal à l’aise d’intervenir  et qu’ils ne savaient pas vraiment comment s’y prendre. Selon lui, les professeurs, et même tout le personnel de l’école, devraient bénéficier d’une formation pour être aptes à intervenir dans des cas d’intimidation comme celui-ci, et même pour tout autre type d’intimidation.



Il affirme qu’en presque 5 ans, il n’a jamais eu d’activités de sensibilisation au sujet de l’homosexualité, dans le cadre de ses cours généraux. Il n’a pas eu non plus la visite d’organismes, comme Gris Montréal, qui œuvre à démystifier l’homosexualité au sein de la société en général, mais surtout dans les écoles. « Si seulement les jeunes de mon école avaient pu bénéficier de tels services, peut-être auraient-ils été plus tolérants face à l’homosexualité. »

​

 



Un psychologue est venu en aide à Mathieu pendant deux ans. Malheureusement, bien que le psychologue l’ait aidé lui, cela n’a rien changé au comportement de ses intimidateurs. En effet, malgré l’attitude plus positive que Mathieu essayait d’adopter, les élèves ne faisaient que le tirer vers le bas, l’emmenant lentement vers la dépression.

​

Il m’a confié avoir eu des pensées suicidaires, avoir perdu espoir en une vie meilleure. Il pensait que sa vie allait se résumer à une suite d’attaques, de rejets et de peurs des autres. « Ça a beaucoup affecté ma confiance en moi et j’ai de la difficulté à accorder ma confiance aux autres, surtout aux garçons et ça m’a renfermé sur moi-même plus qu’autres choses. Au niveau académique, mes notes ont descendu et je n’avais plus de motivations. » C’est pourquoi, en 5e secondaire, il a décidé de tout lâcher. Est-ce la solution? Selon lui, il a bien fait, car ça lui a permis de rebâtir sa confiance, de prendre du recul face à cette situation et de s’éloigner de cette source de haine dont il était victime chaque jour à l’école. Il a maintenant 21 ans et il est content de retourner aux études et d’enfin pouvoir faire ce qu’il veut réellement faire dans la vie.


« J’aimerais dire aux jeunes qui se font intimidés qu’il y a toujours une lumière au bout du tunnel, qu’il ne faut jamais abandonner et qu’il y a toujours moyen de se raccrocher à la vie, que ce soit par la musique, par la littérature ou n’importe quoi qui nous tient à cœur. À ceux qui intimident, mettez-vous à la place de vos victimes. Juste des mots peuvent faire aussi mal qu’un coup de couteau. Vous n’imaginez pas le mal que vous pouvez faire en attaquant gratuitement une minorité. »


On ne souhaite à personne de vivre ce que Mathieu a dû subir lors de son passage au secondaire. Il est certain qu’une meilleure éducation sexuelle auprès des jeunes,  d’avantage de sensibilisation lors de leur passage au secondaire et d’un personnel formé pour ce type de situations aiderait grandement les jeunes homosexuels à s’épanouir dans leur milieu scolaire.



 

Entrevue avec Mathieu

bottom of page